Quand les sites culturels appauvrissent les blogs en les repompant

Par , Le 22 mars 2014 (Temps de lecture estimé : 9 min)

Comme beaucoup, j’adore les sites et blogs à contenus culturels. Musique, lifestyle, pop culture, high-tech et autres infos diverses me font parfois perdre un temps fou ! C’est sans compter sur l’appauvrissement croissant de leurs contenus.

Je suis féru d’informations. Pour satisfaire mon insatiable besoin d’actu, j’ai même créé des listes d’intérêts Facebook qui permettent d’avoir une vision globale de l’actu et des sujets qui m’intéressent. Mais depuis quelque temps, je remarque un phénomène qui ne touchait jusque là que les dépêches AFP : le clonage des contenus par les sites culturels. À tel point qu’on se croirait dans Star Wars, quand Obi-Wan découvre l’armée de clones !

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Obi-Wan Kenobi devant l’armée des clones.

La démarche de nos cloneurs est simple : reprendre une info ou d’un article, citer rarement sa source, ne pas documenter le sujet, ne pas vérifier la date de la news, ne pas ajouter de fond à l’article. Le but pour ces sites est simplement de faire transiter les visiteurs par chez eux pour profiter de l’audience. Un exemple concret avant un tacle en bon et due forme ? Le groupe Vulfpeck a sorti un album silencieux sur Spotify pour financer sa tournée.

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Gizmodo US. Source de l’info, survole le sujet.

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Guardian. Ne cite pas sa source, mais a un article relativement riche par rapport à celui de Gizmodo US.

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Slate. Dont l’article est un des plus détaillés. Cite sa source. Un peu de pompage sur le Guardian ? Allez savoir…

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TechCrunch. Qui cite le Guardian, mais avec un article aussi épais que celui de Gizmodo US.

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Vice. Ne cite pas sa source, mais a su bien s’approprier le sujet.

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Konbini. Peut-être celui qui a le moins de fond tandis qu’il cite le Guardian.

Je ne vous fais pas l’état des lieux complet : une recherche Google et vous découvrirez que des centaines de sites se sont emparés du sujet. La reprise d’une info n’est pas quelque chose de nouveau et tant qu’elle reste occasionnelle, elle n’est pas dérangeante. Moi le premier, il m’arrive parfois de reprendre une info trouvée ailleurs. Mais le phénomène que je dénonce est très différent de la démarche dans laquelle je suis, humble blogueur qui fait ça pour le plaisir. Je ne suis pas journaliste, mais je pense faire mieux que bien des gros sites.

Quand je reprends un sujet…

Je me documente et vérifie l’information

Parce que raconter des cracks, c’est mal. Reprenez une information sans creuser alors qu’il s’agit d’un fake, et vous passerez pour un clown. On en a eu un bel exemple avec le réseau social LIVR, une vraie fausse information qui a mis en exergue les dangers de l’info non-stop.

J’y apporte une plus-value

C’est ce qui fait un contenu de qualité ! Et puis réfléchir n’a pas pour effet secondaire de provoquer une fracture du crâne.  Argumenter en y ajoutant des liens et des éléments supplémentaires, ça ne coûte pas grand-chose. Une recherche Google, et en 5 minutes vous avez de quoi rajouter du contenu. Pas besoin d’écrire un livre, mais entre 600 et 900 mots, c’est déjà un bon début. J’entends tout à fait que certains sujets se passent d’explications, mais cette excuse ne marche pas à tous les coups. Et le copier-coller pour surfer sur un sujet chaud, c’est risible.

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Je lui donne du fond

Quand je trouve un sujet (repris ou non), il n’a pas toujours du fond. Je fais donc des recherches pour apporter ce dont je parle au point précédent : une plus-value ! Vous n’avez pas le temps ? Par pitié, ne bloguez pas. Je tombe de plus en plus sur des articles avec aussi peu de profondeur qu’une flaque d’eau. Finalement, je dois aller me documenter moi-même pour en savoir plus. Combien de fois je n’ai pas partagé un article parce que je l’ai trouvé trop léger alors que le sujet était super intéressant ! (coucou Ubergizmo)

Je présente le sujet sous un autre angle

Parce que donner son avis permet de nourrir le débat. Les gens savent souvent très bien le donner quand ils sont à l’origine d’un sujet. Mais quand c’est du repompage, ça sonne aussi creux que le vase de Soissons après qu’il ait été cassé. On voit rapidement quand une personne est à l’origine d’un article et qu’elle a su s’approprier le sujet. En revanche, je suis prêt à parier que certains ont une allure permanente de duckface sur le compte Instagram tellement ils pompent.

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J’évite de reprendre des articles francophones traités par beaucoup de monde

Il y a tant de sujets qui ne demandent qu’a être connus en France, pourquoi s’acharner à se repomper les uns sur les autres ainsi que sur les petits blogueurs ? Si vous souhaitez surfer sur un buzz ou une info importante, pas de problèmes, mais apportez-y une plus-value. Quand on se donne du mal en s’astiquant devant ses propres articles de GIFs de boobs, c’est qu’on est capables d’aller chercher des actus sympas à l’étranger.

Je vérifie l’âge du sujet

Car rebondir sur un sujet qui a déjà été repris 1000 fois voilà 3 semaines ou qu’il fallait relayer l’été dernier, ça craint. Si vous reprenez un vieux sujet, tâchez (en plus des points précédents) de contrôler qu’il s’agit alors d’un sujet dont on a peu parlé. Si vous reprenez consciemment un buzz dépassé, sachez alors ce que vous faites et pourquoi vous le faites.

Bonus : Je cite ma source

La base. Attention, quand je dis source, je parle bien du site web d’où provient l’info qui vous à largement servi pour votre article. Je ne parle pas, évidemment, des personnes dont l’identité reste anonyme grâce à la protection des sources. On a l’impression qu’à certains ça leur ferait aussi mal à leur ego, qu’à leur rectum après s’être enfilé un objet inconnu dedans, que d’admettre qu’ils ont repris un sujet déjà traité. Dédicace à Konbini sur ce point-là. Pour ceux qui citent (mal) leurs sources, cessez de citer une source qui cite une source à son tour, qui re-cite une autre source à son tour, qui re-re-cite une re-autre source re-à son tour, etc.

J’ai commencé à me pencher sur ce phénomène quand ce sont mes propres articles qui ont commencé à être plagiés. En effet, en deux mois, moins de vingt-quatre heures après la publication de trois de mes articles, j’ai retrouvé ceux-ci ailleurs. Le truc, c’est que je mets mes sujets de côté plusieurs semaines ou mois avant de me décider à en faire un article ! Par ailleurs, je tente le plus possible de proposer des contenus encore non diffusés en français, et je suis tout simplement l’auteur d’origine du sujet pour la plupart de mes articles. Deux fois, je veux bien que ce soit une coïncidence. Trois fois, c’est du foutage de gueule. C’est une pratique que j’ai également retrouvée, dans une moindre mesure, chez des blogueurs traitant du graphisme, des réseaux sociaux ou des jeux vidéos. Ce qui est vraiment triste étant donné que le pompage se fait donc en sens inverse et est alors totalement inutile.

En conclusion

Enfin, pour balancer quelques noms de sites dont certains rédacteurs semblent pratiquer le pompage les uns sur les autres, mais surtout les uns sur les blogueurs (dont moi, concernant deux de ces sites) : Minute Buzz, Konbini, Ubergizmo, Vice, Hitek, Daily Geek Show, Spi0n, et j’en passe. Pourquoi je dénonce ? Parce que vous tuez le web culturel, et surtout vous privez des blogueurs d’une part de leur trafic en les faisant souvent passer pour ceux qui pompent alors qu’ils sont à l’origine de l’article. Vous et mois le savons très bien, les gens regardent rarement la date de publication. Je n’ai rien contre l’idée d’être repris, mais citer sa source et faire ça proprement c’est mieux, d’autant que mes contenus sont sous licence Creative Commons.

Je note toutefois que quelques-uns sortent du lot : Roads Magazine, Rue89 Culture et Ragemag, pour ne citer qu’eux.

Certains diront qu’il vaut mieux vaut être le copié que le copieur. Mais je répondrai à ça qu’être cocu est une chose, mais je ne vais pas non plus payer la chambre.

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Sébastien DROUIN

Consultant en communication croisé zèbre, designer graphique, ingénieur de formation, AI prompt engineer. Je mange des IA au petit déjeuner et je permets aux entreprises de multiplier leurs ventes grâce au web 🤖

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